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Je me rappelle du temps de l’innocence, où mes pensées couraient, limpides. Où le prince charmant m’enlevait à la médiocrité de mon quotidien. Je me souviens de cette époque où je ne savais pas ce que voulais dire le mot vice. Alors, Je pensais que mes parents n’étaient pas capables de faire quoi que ce soit qui puisse me faire souffrir.
Je pensais que « 7 seconds » était la chanson la plus génialissime au monde. Je pensais que je ne lirai jamais un livre jusqu'à la fin et que personne jamais ne s’en rendrait compte.
Et puis il y a eu l’apprentissage de la drogue, avec lui le perfectionnement de l’art du mensonge. Il y a eu le divorce, la rupture familiale. Il y a eu tous ces mots qui dépassent la pensée qui vont trop vite trop loin. Des mots échappés de ma bouche juste pour tuer un peu. Il y a eu d’autres chansons, d’autres musiques. Il y a eu l’alcool, les fêtes qui n’en sont pas ou les seules choses qui réunissent sont la promesse de l’oubli. La perspective d’une fuite. Encore et encore il y a eu cette furieuse envie d’aller voir ailleurs si j’y suis. Mais je n’y étais pas. Je me cherche encore, mais dans d’autres méandres cette fois ci, je tente de revenir à la candeur d’antan. Je me vomis tout doucement pour me reconstruire. Lentement façonnée dans la désobéissance. Je ne suis plus que le fantôme d’une inconnue. Puis il y a eu le divorce, un autre, moins grave. Plus lourd parce que cette fois encore on y a bien cru. Mais non. Ça n’est pas pour cette fois. On repart. On prend nos clics et nos clac, on baisse la tête et on dit qu’on
comprend. Plus tard, bien plus tard on s’aperçoit qu’en fait non, on n’a pas compris. On en reparle, on remet comme on dit tout ça sur le tapis. Les yeux pleurent, ils en ont l’habitude. Les poings et les dents se serrent, elles en ont l’habitude. Partout dans nos regards il n’y a que l’amour et l’incompréhension. L’amour. Les plaies de famille sont des plaies d’amour. On s’est mal aimés c’est sûrement vrai mais putain, qu’est ce qu’on s’est aimé. On a fait que ça de toutes nos petites forces, mais on l’a mal fait. On apprend maintenant à le faire, on est sur la bonne voie. Des larmes me viennent. On est sur la bonne voie, tellement que s’en est bouleversant. S’il fallait en passer par là, alors c’est sur, je ne regrette pas.